Ensuite, nous avons lu un livre qui s'appelle Lulu et la Grande Guerre de Fabian Grégoire. Nous avons compris que la vie avait changé pour les personnes restées à l'arrière pendant que leur père, leur frère ou leur oncle était sur le Front.
Nous avons ajouté une description de la vie à l'arrière dans nos lettres pour un Poilu.
Une fois que les lettres étaient terminées au brouillon, il a fallu les copier avec beaucoup de soin. Chacun a pris sa plus belle écriture et s'est appliqué pour faire des lettres claires, nettes et appliquées.
Nous les avons ensuite dactylographiées et chacun a choisi une écriture " vieille " qui faisait penser aux lettres de Poilus que nous avions lues.
Pour leur donner un effet " vieilli ", nous les avons trempées dans du thé froid. En séchant, elles ont pris une belle couleur marron, un peu vieux et se sont légèrement froissées. |
Marcus Giménez
Rue des casernes
59480 la Bassée
Le 20 décembre 1914
Cher père,
Je t'envoie quelques nouvelles de chez toi. Hélas, ce ne sont pas de bonnes nouvelles... Ici, beaucoup de choses ont changé depuis ton départ pour le Front...
Le 4 octobre, des obus sont tombés à Salomé. Le 11 octobre, j'ai entendu un vacarme incroyable, c'était des bombes qui tombaient. Le lendemain, j'ai croisé un vieux monsieur dans la rue, il m'a dit : " Je viens de Lens, la ville est pleine d obus et d'Allemands, je ne sais pas où je vais, mais je me sauve..." Les soldats Français sont venus à la Bassèe pour nous protéger. Mais le général Mestre a décidé de partir pour Noeux les Mines le mardi matin... Nous étions seuls et nous savions que les Allemands allaient arriver...
Ce soir -là, j'étais caché dans la maison et j'ai entendu des bombardements puis un grand silence. Au petit matin, je suis sorti et j'ai vu plus de deux cents Allemands dans les rues de notre ville... Ils pillaient les magasins, tuaient des gens et hurlaient comme des fous. Ils voulaient mettre le feu à la mairie. Alexandre Crespel leur parlait pour éviter l' incendie. Malgré sa présence, les Allemands ont pris l'argent de la ville.
Depuis, chez nous la vie est dure. Tout a été pillé... Chez nous la vie est dure: nous n'avons plus aucune provision : ni viande, ni pommes de terre, ni lait. Les magasins sont tous vides, nous n'avons rien à manger.
Et toi as-tu faim là où tu es ? Je ne sais même pas où tu es.... J'ai peur que tu sois mort sur le Front parce que je n'ai pas de nouvelles...
Tu me manques et j'espère avoir de tes nouvelles
A bientôt j'espère mon cher père
Marcus
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